"Le bestiaire d'Henri Bosco"
Le monde animal occupe une place très importante dans toute l’œuvre d’Henri Bosco. De même dans la plupart de ses ouvrages, arrive un moment où le personnage principal tombe malade. Allongé dans une chambre ou un lieu de fortune il est, pendant plusieurs heures, plusieurs jours, pris par la fièvre. Il délire. Il a des visions. Ce sont ces moments surprenants, improbables, angoissants, alliant animaux et visions, que je souhaite retranscrire en images dans ce dialogue photographique.
Denis Lebioda
« Si je prends toute liberté avec les êtres et les choses, c’est parce que je suis persuadé que les trois-quarts des êtres et des choses nous échappent. Nous n’en percevons que les franges, ce qui leur sert de limites perceptibles ; mais il y a le reste : le noyau d’abord, et, au-delà les limites, la zone irradiante où tout est en communication avec tout et s’y interpénètre. C’est là que j’opère, et j’irai jusqu’à dire que j’y suis à mon aise – j’y vois presque clair – quelques fois plus clair que dans les zones où la raison et nos cinq sens ont banalement accès. L’invisible ne m’est pas invisible. Je n’écris pas, je transcris – et ce sont des hallucinations que je transcris. En passant d’un monde à l’autre, je peux ordonner pas mal de visions et les rendre plausibles, mais quelques-unes échappent au contrôle régulateur et filtrent dans ce demi-réel, cet invraisemblable admissible, où je vis de préférence. Car j’y vis vraiment, et non point seulement dans mes livres »
Lettre d’Henri Bosco – Rabat, 1950
Cité par Jean Lambert in « Un voyageur des deux mondes – Essai sur l’œuvre d’Henri Bosco » - NRF Gallimard.


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